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 DANS LES MUSÉES : Metropolitan Museum of Art, N.Y.

Armoire époque Louis XIV

Attribuée à André-Charles Boulle (1732)

Grande armoire ouvrant à deux portes, en marqueterie d’écaille et de laiton, ornée de bronzes ciselés et dorés.

Provenance : Galerie Kraemer
Localisation : Metropolitan Museum of Art, N.Y.

En savoir plus : LA PUISSANCE DE L’ART SOUS LE RÈGNE DE LOUIS XIV

Armoire Époque Louis XIV Attribuée à André-Charles Boulle (1732)

LA PUISSANCE DE L’ART SOUS LE RÈGNE DE LOUIS XIV

Cette grande armoire époque Louis XIV, attribuée à André-Charles Boulle, est symptomatique de l’ambition des artisans et des artistes sous le règne de Louis XIV, ainsi que du rôle éminemment politique des objets d’art.

 

Une armoire alliant rigueur et richesse

Cette grande armoire époque Louis XIV qui s’ouvre par deux portes est plaquée de marqueterie dite Boulle sur l’ensemble de ses faces. La marqueterie est principalement réalisée en contrepartie. Elle est ornée d’une multitude de bronzes ciselés et dorés. Notons notamment l’incroyable travail des huit écoinçons des portes du cabinet représentant les dieux du vent aux cheveux flottants, certains dans leur jeunesse et d’autres dans la force de l’âge. Il convient également de signaler les bronzes en forme de pattes de lion naissant d’une feuille d’acanthe sur les quatre faces du meuble.
L’artisan ne s’arrête pas là et conçoit également des entrées de serrure, et l’ensemble des frises qui délimitent les contours du meuble. Cette armoire respecte une symétrie parfaite.

Les motifs des panneaux en marqueterie peuvent être reliés à d’autres pièces recensées dans l’atelier de Boulle. L’intérieur de l’armoire était autrefois pourvu de trois étagères. A l’origine, il était également ciselé de d’un décor gravé.

Bien que fournissant la couronne, le coût des matériaux obligeait Boulle à avoir recours à des solutions de substitution. En effet, il associe ici l’ébène à un bois fruitier indigène, c’est-à-dire local, noirci, qu’il insère dans le quart supérieur du meuble. De plus, il applique cette même économie de moyens pour l’intérieur des portes qui sont plaquées de bois de ronce local, teinté afin de donner l’illusion de l’écaille.

Ce type d’armoire était destiné à être exposé dans les pièces publiques afin de montrer à ses visiteurs son goût pour le faste et l’innovation.

 

 

André-Charles Boulle

Boulle nait en 1642 à Paris d’un père menuisier d’art. Il s’installe en 1664 comme ouvrier libre et c’est en 1672 qu’il est recommandé par Colbert auprès de Louis XIV qui lui obtient alors un atelier aux galeries du Louvre. Il fait ainsi partie des ouvriers privilégiés de la Couronne et est nommé « premier ébéniste du Roi ». Grâce à ce privilège, il est autorisé à modeler, fondre et ciseler ses bronzes par lui-même.

Boulle fournit alors du mobilier aux princes de sang et aux souverains étrangers. La protection royale dont il profite lui permet de tenir son commerce à flot malgré des difficultés financières dues à des dépenses excédant son niveau de vie.

André-Charles Boulle est renommé pour avoir perfectionné la technique de la marqueterie alliant écaille de tortue et éléments métalliques à qui il donne son nom. Il n’a pas été le premier à pratiquer cette technique. Citons notamment Auburtin Gaudron qui succède à Pierre Gole au service de la cour de France qui livre notamment un « grand et beau cabinet à bronzes architecturaux et marqueterie de cuivre et d’ébène avec de l’amarante » pour le château de Marly d’après Pierre Verlet.

L’estampille n’étant pas encore rendue obligatoire par les corporations, il est difficile d’attribuer à Boulle sans aucun doute certains meubles. Les attributions s’appuient alors sur les nombreux dessins et gravures produites aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ces dernières ont également permis la diffusion de ses modèles et ainsi populariser son art, repris par des ébénistes plusieurs décennies après sa mort. En effet, à la fin du XVIIIe siècle, apparaît la mouvance du Boulle Revival réemployant les panneaux de marqueterie de laiton.

 

La marqueterie dite Boulle

La marqueterie dite de Boulle se caractérise par une alliance de différents matériaux.
Elle permet d’obtenir des motifs en négatif grâce à leur superposition et donc des plaques de marqueterie en pendant. Elle peut être en première partie ou en contrepartie : la première sur fond d’écaille, la seconde sur fond de laiton.

Les objets ornés de cette marqueterie sont sensiblement construits de la même manière : un bâti de bois, un placage de bois sombre qui peut être de l’ébène ou du bois noirci le tout recouvert d’une marqueterie de métal fait de laiton et d’étain, et d’écaille de tortue teintée. L’ensemble du meuble ou de l’objet est ensuite orné de bronzes dorés. Quelques fois, les artisans insèrent des petits éléments d’ivoire, d’os ou des pierres précieuses.

L’origine diverse des matériaux réclame alors une grande attention au cours des siècles car chacun d’entre eux réagit différemment aux attaques du temps.

André Charles Boulle n’était pas le seul ébéniste reconnu de son époque, mais il se distingue de ses concurrents par l’attention portée aux détails des sculptures et à la qualité inhabituelle du corps du meuble.