Daniel et Nina Carasso.
photo © Fondation Carasso

Daniel Carasso, un collectionneur visionnaire et généreux

 

Fils du fondateur d’une toute petite entreprise artisanale, Daniel Carasso fut l’un des hommes les plus novateurs de l’histoire de l’industrie agro-alimentaire. Il consacre sa vie à faire de l’entreprise familiale, pionnier du yaourt industriel, un grand groupe mondial français.

Daniel Carasso est à l'origine même du nom de la marque : son père, Isaac Carasso a donné le nom de Danone au groupe en référence au prénom affectueux de son fils, « Danon » voulant dire « petit Daniel » en catalan.
 
Si Danone fut l’œuvre de Daniel Carasso, le goût pour les œuvres d’art et le mobilier fut l’aventure commune du couple que formaient Daniel Carasso et son épouse Nina. 
Partageant un goût éclectique, ils collectionnent avec la même exigence la peinture et la sculpture modernes et contemporaines, le mobilier français du XVIIIe siècle, l’Extrême-Orient ou les Antiques. Un seul critère commun : la qualité. 
 
De leur passion commune est née la Fondation Daniel et Nina Carasso, qui finance notamment, grâce à leur descendance, la recherche et l'enseignement, la transmission des métiers d'art, ainsi que des projets qui visent à rendre l'art accessible à tous.

1929, Danone s’installe rue André-Messager, à Paris. 

Daniel Carasso, en compagnie de son épouse Nina, fait partie de ces grands industriels qui par passion ont contribué à faire vivre l’art à travers les époques, en mélangeant les styles, en soutenant les jeunes artistes, tout en prenant bien soin de garnir ses demeures des plus belles œuvres, notamment celles du XVIIIe siècle.
 

D’autres grands industriels sont passés également par les salons de la Galerie Kraemer, avec la même philosophie d’exigence et de passion : Rockefeller, Ford, Boussac, Vanderbilt, Wendel, Onassis, Agnelli, Guerlain, Marjorie Merriweather Post, Lauder, Dassault, et tant d'autres…

Chacune et chacun ont apporté leur pierre à l’édifice de l’histoire de notre Galerie, tout comme le font encore chaque jour nos visiteurs actuels à la recherche de l'œuvre rare qui sublimera leur demeure.

La table en acajou
au marbre ovale.
Un meuble au parcours riche en rebondissements.

Durant de nombreuses années,

Daniel Carasso fut un habitué de la Galerie,et ce presque jusqu’à ses 103 ans.
C’était un “grand seigneur”, et pas seulement par ses 1,90 m : un véritable gentleman. 

A chacune de ses visites, quelques bouteilles de 1/4 d'Evian posées sur la table du salon d'accueil de la galerie attiraient certainement son œil malicieux.

Il acquiert de nombreuses œuvres chez nous, certaines se trouvant de nouveau dans les salons de la Galerie Kraemer aujourd’hui.
 

Dont une très belle table ovale en acajou, dans l'esprit de Heinrich Gambs, datant de la fin du XVIIIe siècle.

Table en acajou au marbre ovale, dans l'esprit de Heinrich Gambs, fin du XVIIIe siècle.

Table en acajou ayant appartenu à Daniel Carasso
et aujourd’hui présente dans notre Galerie  (illustration Le Meuble Léger en France, Paul Hartman éditeur, Paris).

Bureau plat, attribué à Charles Cressent, époque Régence.
Prêté par Kraemer à l’exposition universelle de New York en 1939.
Five Centuries of History, mirrored in Five Centuries of French Art, New York World's Fair, 1939.

Mais pendant le chargement, sur le port du Havre, un feu se déclare dans la boulangerie du paquebot Le Paris qui devait assurer le transport d’une partie des œuvres présentées à New York, dont la table au marbre ovale.
 

Les pompiers ont utilisé une telle quantité d’eau pour éteindre l’incendie que le Paquebot s’est couché, puis a coulé !
La table a pu être sauvée, mais le plateau de marbre a fini au fond de l’eau.

Le paquebot, Le Paris, dans le port du Havre.

Un tel incident ne se produirait plus aujourd’hui, les transports étant désormais assurés par avion dans des conditions rapides et bien plus sécurisées !

 

Un marbre de remplacement est donc réalisé aux États-Unis pour permettre au meuble d’être présenté comme prévu.

Le meuble revient en France seulement vers la fin de l’année 1944, juste après la Libération.

Quelques mois plus tard, en 1945, les démineurs intervenant dans le port du Havre découvrent au fond de l’eau une caisse marquée KRAEMER.
 

C’est ainsi que le meuble retrouva son marbre d’avant-guerre… intact.
Une page singulière de son histoire.

L’art et les coulisses
de l’Exposition universelle : 

L’exposition universelle fut le théâtre d’anecdotes qui symbolisaient bien l’état d’esprit de l’époque.

 

Lors de l’exposition de 1939

 

Cette exposition fut aussi une vitrine d’avenir.
Le public y découvrait, souvent pour la toute première fois, des objets appelés à transformer le quotidien : la télévision, le nylon, la photocopieuse… et même une machine capable de faire des bulles de chewing-gum toute seule. Le futur avait commencé à faire sa démonstration.

 

La France a voulu faire honneur à son emblème le plus croustillant : une baguette fut envoyée à New York par valise diplomatique, pour servir de modèle à la boulangerie du pavillon français. Elle arriva complètement rassie. Un revers gustatif qui fit sourire, sans entamer le prestige de notre tradition.

 

Ou celle de Paris en 1937

 

L’Exposition universelle de 1937 à Paris n’a pas seulement accueilli des chefs-d’œuvre et des pavillons spectaculaires. Elle a aussi offert son lot d’anecdotes curieuses, parfois cocasses, souvent révélatrices d’un monde en bascule.
 

Face à face symbolique : le pavillon soviétique et celui de l’Allemagne nazie s’observaient à distance, chacun arborant une statue monumentale tournée ostensiblement dans la direction opposée. Quelques années plus tard, à la stupeur générale, les deux pays signaient le pacte germano-soviétique.

Vue de l'Exposition Internationale des Arts et Techniques, Paris 1937.

Autre vue de l'Exposition Internationale des Arts et Techniques, Paris 1937.
(A gauche, le pavillon Soviétique et à droite le pavillon Allemand).

Plus récemment, cette table a été sélectionnée pour une prestigieuse exposition de Louis Vuitton High Jewelry.

Lors de cet événement, la table a servi d'écrin à de somptueux bijoux avec plusieurs de nos meubles, comme ce régulateur pendule.

Exposition organisée par Louis Vuitton High Jewelry, Awekened Hands, Awakened Minds.
Saint-Tropez, Villa Bagatelle, 2024.