Vous êtes ici :

 DANS LES MUSÉES : Palais Princier de Monaco 

Cabinet Valentinois, époque Louis XVI

Ensemble de six chaises en acajou, sculpté, ajouré et mouluré

estampillé par l’un des plus grands ébénistes du règne de Louis XVI : Georges Jacob

Localisation : Palais Princier de Monaco
Provenance : Galerie Kraemer

En savoir plus : Le XVIIIe siècle au Palais Princier de Monaco

Chaise du Cabinet Valentinois par Georges Jacob

Le XVIIIe siècle au Palais Princier de Monaco

Après deux années de fermeture, le Palais Princier de Monaco ouvre à nouveau ses portes pour nous laisser admirer le Cabinet Valentinois rénové.
L’occasion d’évoquer l’importance des œuvres et du mobilier d’époque Louis XVI chez nos voisins européens.

 

La renaissance du Palais princier de Monaco

L’année 2022 marque la réouverture des Grands Appartements du Palais princier de Monaco après une campagne de restauration. Celle-ci a été l’initiative du souverain. Albert II fait preuve d’un souci patrimonial accru et une volonté de reconstituer les collections princières. En effet, tout le mobilier du palais princier avait été dispersé à la Révolution française et depuis, le prince rachète autant que possible les pièces qui font leur réapparition sur le marché de l’art.

La mise en valeur du patrimoine porte également sur un grand chantier de restauration des décors peints extérieurs et intérieurs du palais. Au cours de cette campagne, a été découvert un ensemble de fresques du XVIe siècle, attribuées à des maîtres génois.

 

Georges Jacob à Monaco

Parmi les pièces à redécouvrir, le Cabinet Valentinois nous ouvre à nouveau ses portes. Celui-ci rend hommage au duché de Valentinois qui définit la région entourant la ville de Valence, dans la Drôme, dont est symboliquement à la tête le prince de Monaco. Ce cabinet accueille aujourd’hui des meubles provenant de la galerie Kraemer.

Il s’agit d’un exceptionnel ensemble de six chaises en acajou, sculpté, ajouré et mouluré par l’un des plus grands ébénistes du règne de Louis XVI : Georges Jacob.
Sculptées dans une précieuse essence d’acajou, les formes de ces chaises sont inspirées par les meubles et objets découverts lors de nouvelles fouilles à Pompéi et Herculanum ou en Étrurie. On retrouvera plus tard, ce modèle de chaises présenté dans les tableaux de David.

 

Georges Jacob, menuisier de la Couronne

Père fondateur d’une importante dynastie de menuisiers-ébénistes, Georges Jacob naît en 1739. Il arrive à Paris en 1756 et entre en apprentissage chez Jean-Baptiste Lerouge, menuisier en sièges. Il est reçu maître menuisier en 1765, et s’installe rue de Bourbon où il produit tout d’abord de nombreux sièges de style Louis XV. En 1767, il épouse Jeanne-Germaine Loyer qui lui donne cinq enfants dont deux fils qui deviendront menuisiers.

C’est en 1777 que Georges Jacob commence à travailler pour la Couronne, en meublant les appartements du comte d’Artois au palais du Temple et au pavillon de Bagatelle. Quelques années plus tard, Jacob devient l’un des menuisiers attitrés de la Couronne : il meuble alors les résidences de Versailles, du Petit Trianon, de Fontainebleau, de Saint-Cloud et de Rambouillet dans le plus pur style Louis XVI.

Son talent n’étant plus à prouver, il compte parmi sa clientèle les hautes personnalités de la couronne comme les comtes d’Artois et de Provence, les ducs de Penthièvre, de Choiseul, les princes de Condé et de Conti… Les têtes couronnées de toute l’Europe ont également recours à ses services : les princes allemands, le futur George IV d’Angleterre et Gustave III de Suède, pour n’en citer que quelques-uns.

Jacob connaît ses premières difficultés financières avec l’arrivée de la Révolution, qui mène ses clients à la condamnation et l’émigration. Cependant, la loi Le Chapelier (1791), supprimant le régime des corporations, vient compenser ses difficultés. En 1796, Jacob cède son atelier à ses deux fils, Georges II et François-Honoré-Georges qui travaillent dorénavant sous la raison sociale « Jacob Frères ».

Le retour de l’Antique

La conception de cet ensemble présenté au Cabinet Valentinois est tout à fait semblable à la chaise que Jacob réalise pour la marquise de Marbeuf, quant à elle peinte façon bronze verre, afin d’imiter le mobilier de bronze oxydé exhumé lors des fouilles. Pour la même marquise, il conçoit également le fauteuil « chinois » pour son hôtel particulier proche de la butte Chaillot et de la butte de l’Etoile, conservé aujourd’hui au Bowes Museum en Grande-Bretagne.

Jacob fournira également la Reine Marie-Antoinette en mobilier dans le goût étrusque.
Sur les dessins d’Hubert Robert, il crée alors le mobilier pour le salon de la laiterie de la reine à Rambouillet. Hubert Robert et Jacques-Louis David qui vont participer à faire naître le « goût étrusque » dans la production de Jacob. Le premier par le mobilier de Rambouillet et le second en lui commandant des prototypes de meubles « antiques » pour mettre en scène les personnages de ses tableaux.

Le retour aux canons antiques est très en vogue à la fin du XVIIIe sous le règne de Louis XVI.
La France, grâce à l’inventivité de ses artistes, influence considérablement la production de ses voisins européens, cependant il ne faudrait pas minimiser l’empreinte que laissent les modes des autres pays sur sa propre production. En effet, l’anglomanie va inspirer certains ébénistes français, Jacob parmi les premiers. Il reprend les dossiers ajourés en lyre, et les formes dites anglo-chinoises. En Angleterre, le représentant de ce courant est Thomas Chippendale.

Ce style est parfaitement illustré par l’ensemble de chaises réalisé pour le duc de Penthièvre dont un exemple faisait partie de la collection Wrightsman, aujourd’hui exposé au Metropolitan Museum of Art de New York.