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 MÉTIER ET SAVOIR-FAIRE 

Le XVIIIe siècle, l’âge d’or de la marqueterie

Créée en Egypte antique, développée par les Italiens et sublimée par les ébénistes français, notamment le célèbre André-Charles Boulle, la marqueterie décore un grand nombre de meubles du XVIIIe siècle français.

Un peu d’histoire…

La marqueterie est une technique d’ornementation à plat composée d’une juxtaposition de plaquages de bois ou autres matériaux, découpés de manière rectilignes ou curvilignes

La première technique de marqueterie apparaît sous l’Antiquité égyptienne sous la forme de l’incrustation, appelée également « tarsia certosina ». Ils plaçaient alors des morceaux d’os, d’ivoire, de pâte de verre et de pierre dans le bois.

Ce procédé sera adopté par les Italiens vers 350 avant J.-C., lui donnant sa dénomination définitive. Avec cette technique, les artisans ébénistes vont découper des motifs dans des pièces de bois qu’ils vont reporter dans un panneau massif préalablement évidé afin de pouvoir y intégrer le motif décoratif découpé.

Les Italiens se forgent une réputation importante dans la mise en point de technique de marqueterie. En effet, après le perfectionnement de l’incrustation, ces derniers inventent la technique du frisage à Florence au XIVe siècle. De son nom italien « tarsia geometrica », cette pratique consiste à jouer exclusivement sur les caractéristiques intrinsèques du bois c’est-à-dire sa couleur, son veinage et ses reflets afin de créer des effets visuels esthétiques.

Vers la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle, les Italiens développent à nouveaux un procédé de marqueterie nommé « filet composé » ou « tarsia a toppo ». Cette nouveauté répond à la nécessité des ébénistes à accélérer leur cadence de travail en préparant à l’avance des filets de marqueterie. Ces derniers étaient préparés en grande quantité et venaient décorer discrètement les meubles en les intégrant au placage. Sans cette technique, le travail de marqueterie s’avérait lent et fastidieux.

Différents frisages existent et parmi les plus utilisés au XVIIIe siècle, nous pouvons citer le frisage en « X », le frisage « en ailes de papillon » ou encore le frisage « en cube ».

Des ébénistes deviennent des spécialistes du frisage et construisent leur réputation sur leur capacité à révéler la beauté d’une essence de bois par son organisation sur le bâti d’un meuble. C’est notamment le cas de Jean-François Oeben, Jean-François Leleu et Léonard Boudin.

 

Quand le génie français s’en empare…

L’une des techniques de marqueterie la plus célèbre est la marqueterie Boulle.

Cependant, malgré le fait qu’elle porte le nom du célèbre ébéniste français, ce procédé n’a pas été inventé en France mais encore en Italie ! Il porte alors le nom de « tarsia a incastro », traduit en français par « marqueterie par superposition ».

Cette nouvelle pratique consiste en la superposition de différentes essences de bois et fines plaques de métal que l’on vient découper en même temps. Le résultat obtenu permet ainsi de créer plusieurs meubles ornés du même décor mais en échangeant les matériaux.

Donc, quel rapport avec Boulle ? André-Charles Boulle est en réalité l’ébéniste qui a perfectionné ce savoir-faire l’amenant à recevoir des commandes de la part des plus hautes personnalités de la royauté française. Il va apporter des innovations notables dans cet art par l’introduction de laiton, de cuivre et de matières d’origine animale telles que l’écaille.

Une autre technique de marqueterie est le procédé nommé « élément par élément » qui est cette fois inventé en France au milieu du XVIIIe siècle. Cela consiste à préparer et découper une à une les pièces de bois afin de créer des motifs décoratifs d’une très grande précision.

Enfin, la dernière technique de marqueterie que nous souhaitons vous faire découvrir est la marqueterie de pierres dures. C’est une méthode qui utilise des pierres de couleurs, travaillées et taillées pour créer une image, dans le même esprit que la marqueterie de bois, bien qu’elle reste plus rare. Florence en a fait sa spécialité au XVIIème siècle. Ces panneaux de pierres dures se sont ensuite retrouvés sur certains meubles destinés au marché parisien.

 

En France, la marqueterie a bénéficié d’un contexte économique propice à son développement dès le XVIIe siècle sous le règne de Louis XIV. 

Ce dernier entame une série de travaux dont l’objectif est de réaffirmer la puissance de la France en encourageant les arts. Le développement de la Compagnie des Indes va, de la même manière, faire affluer vers l’Europe de nouvelles essences de bois exotiques dont les ébénistes vont s’emparer pour exploiter les possibilités esthétiques qu’elles leur offrent.

Le style Louis XV appréciait le bois de rose, le bois de violette et l’amarante, par exemple, afin de réaliser des marqueteries florales finement contrastées.
Le style Louis XVI, quant à lui, privilégiait l’acajou pour ses reflets flammés se suffisant à eux-mêmes.

Illustration : ici avec une très belle commode présente dans notre Galerie, estampillée Nicolas-Jean Marchand, Maître ébéniste avant 1738.
Entre 1755 et 1756, Marchand fournit notamment au Roi Louis XV, ainsi qu’à la Reine Marie Leszczynska, quatre petites commodes destinées au château de Fontainebleau.