SÉLECTION D’ŒUVRES 

Table d’architecte à la tronchin.

Époque de la fin du XVIIIème siècle.

Par DAVID ROENTGEN (non signé)
Acajou et placage d’acajou

Dimensions :
Hauteur : 80,5 cm à plat = 32 ¾ inches
Hauteur maximale : 145 cm levée = 57 inches
Largeur : 99, 4 cm = 39 1/8 inches
Profondeur : 68,4 cm = 26 7/8 inches
Restaurations d’usage et d’entretien.

 

Œuvres comparables :
– Table à la Tronchin attribuée à David Roentgen, vers 1790-1800, Paris, Musée Nissim de Camondo, inv. CAM56
– Table à la Tronchin de David Roentgen, vers 1780-1795,  New-York, The Metropolitan Museum

Les tables à la Tronchin de Roentgen :

Ce genre de table, décliné en diverses variantes, semble avoir été réalisé à une quarantaine d’exemplaires.

Le dessin original est reproduit dans le Journal des Luxus und der Moden publié à Weimar en 1795. En 1786, David Roentgen livra à l’impératrice Catherine II de Russie « neuf tables pour écrire à la fois debout et assis ». L’une d’entre elles se trouve toujours au Palais de Pavlovsk à Saint-Pétersbourg.

Une autre table, d’un modèle très proche mais de taille différente, est exposée au Musée Nissim de Camondo à Paris.
Elle peut être comparée à une table presque similaire qui fut conservée à la fin du XVIIIème siècle au château de Maulévrier. Celle-ci est connue par un portrait du comte de Colbert-Maulévrier et de sa famille reproduit dans le catalogue de l’exposition organisée au Metropolitan Museum en 2012. Ambassadeur auprès de l’Électeur de Cologne; le comte de Colbert-Maulévrier avait probablement acheté la table directement chez David Roentgen à Neuwied.

« Une table à la Tronchin » :

Avides de nouveautés, les amateurs du XVIIIème siècle développèrent un véritable engouement pour les meubles qui dissimulent des mécaniques et des crémaillères actionnées par des manivelles.
La « table Tronchin » ou bureau « à la Tronchin » aurait été créée sous le règne de Louis XVI par le médecin Théodore Tronchin (1709-1781) d’origine genevoise.
À l’époque, il effectue des recherches sur les maladies osseuses – conséquences fréquentes d’une mauvaise position adoptée par les architectes à leur table de travail. Il préconise alors l’emploi d’une table pour laquelle on incline le plateau – selon que l’on souhaite être levé ou assis – afin de soulager le dos de ses utilisateurs.

En vérité il est difficile de savoir exactement qui inventa cette table, déjà bien connue à son époque, mais jusque-là réservée à de rares privilégiés. On peut considérer que Théodore Tronchin contribua au renouveau et au perfectionnement d’un meuble oublié qui fut rapidement imité par des ébénistes comme Louis Dufour, David Roentgen ou Joseph Canabas.

DAVID ROENTGEN (1743-1807)

Installé en Allemagne à Neuwied-sur-le-Rhin, près de Coblence, David Roentgen obtint le titre d’« ébéniste mécanicien du Roi et de la Reine » après avoir livré quelques meubles à Versailles. En 1780, il accéda à la maîtrise mais, en dépit de ces protections, il ne fut pas autorisé à travailler à Paris et n’y ouvrit qu’un magasin de vente. Il continua à produire ses meubles dans sa manufacture située en Rhénanie à laquelle il donna un essor européen, travaillant tant pour le roi de Prusse que pour le prince Charles de Lorraine qui gouvernait les Pays-Bas autrichiens, et ouvrant des magasins non seulement à Paris mais aussi à Berlin et à Vienne.

Sa meilleure cliente fut sans doute l’impératrice Catherine II de Russie qui lui acheta de nombreux meubles à partir de 1783.

Les œuvres de David Roentgen figurent dans les principaux musées d’Europe, des États-Unis et de Russie.

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Bibliographie :

  • Alexandre Pradère, Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, Éditions du Chêne, 1989
  • Guillaume Janneau, Le meuble léger en France, Paris, Éditions Paul Hartmann, 1952, p. 41
  • Guillaume Janneau, Les petits meubles, Paris, Éditions d’Art Charles Moreau, 1977, p. 20
  • Anne Droguet, Les styles Transition et Louis XVI, Paris, Éditions de l’Amateur, 2005, p. 138
  • Sylvie Legrand-Rossi, Le mobilier du musée Nissim de Camondo, Paris, Éditions Faton, 2012, p. 138
  • Jean-Jacques Gautier et Bertrand Rondot, Le château de Versailles raconte le Mobilier national,
  • Quatre siècles de création, Paris, Éditions Skira/Flammarion, 2011, pp. 208-209
  • Hans Huth, Roentgen furniture, Abraham and David Roentgen : European Cabinet-makers,
  • Londres et New York, Sotheby Parke Bernet, 1974, p. 148
  • Wolfram Koeppe, Extravagant inventions. The Princely furniture of the Roetgens, New York,