DANS LES MUSÉES : J.Paul Getty Museum 

Grand lustre en verre époque XIX siècle

Lustre en forme de sphère en métal émaillé,
verre et bronze ciselé, ajouré et doré, à dix-huit bras de lumières

Circa 1818-1820, Par Gérard-Jean Galle

Provenance : Galerie Kraemer
Localisation : J.Paul Getty Museum, Los Angeles. 

En savoir plus : LE LUSTRE FANTAISISTE DE GÉRARD-JEAN GALLE

LE LUSTRE FANTAISISTE DE GÉRARD-JEAN GALLE

“Une agréable récréation pour l’œil”, tel était considéré ce lustre en verre et étain doré du premier quart du XIXe siècle qui développe un langage iconographique innovant : vasque pour poissons rouges et forme repris d’une montgolfière en font une oeuvre originale et un objet intrigant qui était tout à fait moderne pour son époque.

 

Gérard-Jean Galle

Gérard-Jean Galle est un bronzier né en 1788. Il hérite de la passion et du talent de son père, Claude Galle (1759-1815), auprès de qui il se forme avec son frère Jean-Auguste. Claude Galle s’impose comme l’un des plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et de l’Empire et livre des objets en bronze pour Marie-Antoinette.

C’est à la mort de son père que Gérard-Jean reprend l’atelier familial situé rue Vivienne à Paris, après avoir fait carrière dans l’armée de Napoléon. Il s’inspire souvent des œuvres de son père pour réaliser ses propres créations qu’il frappera de son cachet « G.F ».
Malgré l’abolition des corporations avec la loi Le Chapelier en 1791, les artisans continuent de marquer leurs créations et de faire perdurer leur savoir-faire. Son engagement militaire lui vaudra d’obtenir le titre de chevalier en 1815.

Quatre ans plus tard, il reçoit une médaille d’argent à l’Exposition de l’Industrie au Musée du Louvre grâce à la présentation d’une collection de luminaires et de boitiers d’horloger.
Cette manifestation n’a cependant pas l’effet espéré car elle ne débouche sur aucune vente. Affaibli financièrement, il sollicite même une aide financière auprès de Louis XVIII, qui refuse cependant de procéder aux achats demandés. Malgré ce refus, Galle est nommé par la suite Fournisseur de sa majesté.

Cette distinction lui permet de devenir le fournisseur de la Couronne et d’être sollicité par la haute société de son époque. Il compte notamment parmi ses clients le duc de Richelieu, le marquis de Martel, et le vicomte de la Rochefoucauld. Il fournit également certains horlogers parisiens.
Malgré cela, la France est enlisée dans un contexte économique difficile dû à de nombreux bouleversements politiques. Son activité est ralentie par la Révolution de Juillet en 1830. Comme de nombreux artisans, il est affaibli par le non règlement de nombreuses commandes et il est contraint de diviser par deux la taille de son atelier. Cette réduction des charges ne le sauve cependant pas de la faillite. Gérard-Jean Galle décède en 1846.

Ses réalisations figurent aujourd’hui au Château de Malmaison, au Château de Compiègne, au musée du Louvre et au musée Marmottan.

 

Un ingénieux lustre

Ce lustre est un chef d’œuvre du genre. Il est composé d’une impressionnante sphère bleue avec de petites étoiles dorées en trois dimensions ; la partie centrale est composée d’une frise en bronze doré représentant les douze signes du zodiaque. Frise sur laquelle reposent dix-huit bras de lumière en volute et dont quatre d’entre eux sont en forme de griffons. La base des bras de lumière est en enroulement à tête de coq. La partie inférieure, une nacelle-vasque en verre, était destinée à recevoir des poissons rouges. Lorsque Galle dévoile le dessin de ce lustre en 1819, il le décrit comme un lustre à poisson.

Sur la partie supérieure de cette nacelle se trouve une galerie en bronze ciselé, ajouré et doré où l’on retrouve la figure de l’aigle. Pour concevoir ce chef-d’œuvre, Galle s’inspire de la forme d’une montgolfière. Il illustre parfaitement le style Empire avec ses palmettes et ses palmes qui décorent les bobèches et les frises. Il illustre le passage du XVIIIe au XIXe siècle.

La forme de ce lustre a été peu usitée aux XVIIIe et XIXe siècle par les artisans, lui préférant les formes corbeilles, en couronnes, ou encore les lanternes.

Il existe cependant un second lustre presque identique qui figurait chez l’académicien-écrivain Henry de Montherlant dans le 7ème arrondissement de Paris. La nacelle avait été désolidarisée du lustre et servait de petite lanterne pour éclairer le vestiaire.
Un amateur éclairé et perspicace put le reconstituer.

 

Une époque marquée par l’apparition de la montgolfière

Le premier vol en montgolfière a été réalisé le 19 septembre 1783 à Versailles.
Cette expérience menée par les frères Joseph et Etienne Montgolfier a débuté un an plus tôt lorsqu’ils réussissent à gonfler une pièce de tissu par un feu de laine et de paille mouillée. Ils sont appelés par l’Académie des Sciences pour dévoiler leur expérience devant le roi et la cour. Lors de cette démonstration, la montgolfière mesure 18 m de haut sur 13 m de large et pèse près de 400 kg : elle est nommée Réveillon, en référence à Jean-Baptiste Réveillon, directeur de la Manufacture royale de papiers peints, qui l’a décoré. Elle est alors de couleur bleue, ornée des deux « L » entrelacés du Roi, le tout ornementé et doré.

Son premier vol est scruté par Louis XVI, la famille royale et toute la cour rassemblée à Versailles. Ce ne sont pas des Hommes qui s’aventurent dans cette nouvelle machine mais des animaux : un mouton, un canard et un coq. Le ballon réussit à monter jusqu’à 600 m, à parcourir 3,5 km avant de redescendre, endommagé par une déchirure. Les animaux atterrissent sains et sauves dans le bois de Vaucresson. Cette première expérience étant un succès, elle est renouvelée deux mois plus tard devant le Dauphin au Château de la Muette, mais cette fois-ci avec des hommes à son bord.

Cette première conquête des airs rencontre un grand engouement et exerce une influence sur les arts décoratifs. Cette nouvelle iconographie est appliquée à des objets variés : pendules et dossiers de fauteuil « la montgolfière », porcelaines, toiles imprimées, pommeaux de canne. Nous assistons à la « ballomanie ».