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DANS LES MUSÉES

Table en bois Louis XIV – Époque de la Régence

Table en bois sculpté et doré, reposant sur 4 pieds galbés. Dessus en marbre.

Donation Grog Carven
Musée du Louvre

En savoir plus : Les Trésors de la collection GROG CARVEN

Table en bois - Époque de la Régence - Louis XIV - Musée du Louvre
Table en bois - Époque de la Régence - Louis XIV - Musée du Louvre
Table en bois - Époque de la Régence - Louis XIV - Musée du Louvre

LES TRÉSORS DE LA COLLECTION GROG CARVEN

Cette table en bois d’époque Louis XIV – Régence fait partie de la donation Grog Carven au Musée du Louvre.

 

Un couple de collectionneurs prestigieux

Marie-Louise Carven (1909-2015) née Carmen de Tommaso, est l’une des plus grandes couturières du XXe siècle. René Grog (1896-1981) est quant à lui un industriel suisse vice-président d’Agfa-Gevaert en France. Marie Louise Carven étudie tout d’abord à l’école des Beaux-Arts et commence à confectionner des robes au début des années 1920.

C’est en 1945 qu’elle fonde sa propre maison de couture, Carven, et s’installe au Rond-point des Champs-Élysées. Elle dédie ses lignes de vêtements aux femmes de petite taille qui ont alors des difficultés à se vêtir puis se diversifie dans la parfumerie. Son style : sobriété des formes, confort, couleurs gaies, étoffes inédites.

Ce n’est qu’à 84 ans que Marie-Louise Carven se retire de la haute couture pour se consacrer véritablement à son autre passion : les meubles et objets d’art anciens. C’est après le décès de son premier mari qu’elle s’unit par René Grog. Ils mènent alors une quête des plus beaux objets auprès des marchands et antiquaires les plus renommés de leur génération.

Ensemble, ils rassemblent l’une des plus importantes collections de mobilier et objets d’art du XVIIIe siècle. Les époux étaient également amateurs des arts asiatiques et notamment la céramique chinoise. Leur appartement parisien rassemblait les plus belles pièces de mobilier aux côtés des « objets de la Chine ». Ils y font même aménager une volière aujourd’hui reconstituée au Musée Guimet sous le nom de « palier aux oiseaux ».

Les époux Grog Carven ont fait don sous réserve d’usufruit de l’essentiel de leur collection au musée du Louvre et au musée Guimet en 1973. Cette table fait partie de cette donation. Ce n’est qu’à partir de 1989 que Mme Carven commence à se détacher de certaines pièces. Parmi les œuvres de la donation, nous pouvons signaler des meubles d’André-Charles Boulle, Martin Carlin, Etienne Levasseur, et Jean-Henri Riesener. Elle comprenait également des tableaux notamment des compositions de Pieter II Brueghel, Marinus van Reymerswaele, et Jacques Dumont.

 

Une table en bois sculpté symbole du style régence

Cette table avait été acquise par les époux auprès de la galerie Kraemer.

Elle est en bois sculpté et doré d’époque Régence. Elle peut être datée de la production française du premier quart du XVIIIe siècle. Sa sculpture nerveuse et rocaille est typique du début du siècle : elle présente un visage de femme au centre de la ceinture, ainsi que des têtes de faune formant en chutes. Elle est sommée d’un dessus de marbre probablement brèche de sarancolin, mouluré et en creux. Elle repose sur quatre pieds galbés à enroulements sculptés de coquilles, feuillages, et éléments chimériques.

Le style régence est au confluent de deux esthétiques : celle du règne de Louis XIV et de Louis XV. Il se développe en réaction à la rigueur du style Louis XIV aux lignes droites et sévères.

A la fin de son règne, Louis XIV maintient une étiquette sévère et renonce aux festivités qui ont fait sa renommée. A sa mort, un besoin d’intimité, de légèreté et de distraction nait : l’étiquette s’assouplit avec le début de la régence de Philippe d’Orléans entre les années 1715 et 1723. Versailles se vide peu à peu et Paris devient le centre de la vie politique, une ville de festivités et de plaisirs : c’est l’époque des cénacles, des salons mais également du libertinage.

Les artistes et artisans reçoivent dorénavant de plus en plus de commandes de la part des particuliers pour meubler leurs petits intérieurs, qu’ils souhaitent plus confortables. Les appartements accueillent de nouvelles pièces telles que les boudoirs, et les cabinets à écrire. Pour les meubler, apparaissent de nouveaux meubles, aux dimensions plus réduites et plus légers notamment la voyeuse qui accompagne les parties de jeu. La grande table à écrire est remplacée par le bureau à tiroirs, les grands cabinets se voient substituer les commodes et les fauteuils se métamorphosent pour s’élargir et permettre aux dames de s’y asseoir malgré leurs « paniers ».

A l’image de la société, les lignes évoluent vers plus de liberté et intègrent progressivement des courbes. Les pièces de mobilier conservent leur caractère massif mais leur répertoire décoratif s’élargit.

En effet, nous voyons apparaître coquilles, animaux chimériques, volutes, fleurons et végétaux. La marqueterie de bois se fait géométrique, alors que celle d’écaille et de laiton est délaissée par les amateurs.

Les meubles en bois sculpté tels que les tables et les consoles fleurissent et permettent aux ébénistes de laisser libre court à leur imagination. Les bronzes prennent maintenant une place importante dans l’ornementation. Les ébénistes et menuisiers les plus réputés de l’époque Régence sont Charles Cressent, Antoine-Robert Gaudreaus et Etienne Doirat.

La Régence fait office de terrain d’expérimentation et ouvre la voie au style Louis XV.